Un brin d’histoire

Quand la montagne murmure un sentier

Tout a commencé avec Katahdin, la « grande montagne » des Abénaquis de l’Est. Majestueux sommet granitique et point culminant du Maine (1606 m), il marque l’extrémité nord de l’Appalachian Trail (3300 km) et le point de départ sud du Sentier international des Appalaches (1196 km, de Katadin au cap Gaspé).

C’est lors d’une ascension en famille dans les années 1960 qu’André Blais, inspiré par la grandeur du lieu, rêve pour la première fois de créer un sentier de longue randonnée dans sa propre région. Ce rêve allait devenir Sentiers frontaliers (SF).

Au début des années 1970, une inoubliable randonnée de trois jours sur les plus hauts sommets du Maine ravive cette idée : créer, ici même, un sentier de longue randonnée inspiré de l’Appalachian Trail, avec comme objectif une connexion vers le Maine.

Années 1980 – Naissance de l’Association pour la conservation du massif du Gosford

À la fin des années 1980, le mégaprojet de villégiature Malamut au mont Gosford fait couler beaucoup d’encre. En réaction à la menace de voir le territoire de la ZEC Gosford rayé de la carte, l’Association pour la conservation du massif du Gosford est fondée.

En 1989, André Blais adresse à l’Association Louise-Gosford (ALG) une demande d’appui pour la création d’une réserve écologique et d’un sentier de randonnée reliant l’accueil sur Tout-de-Joie à la douane de Woburn-Coburn en passant par le sommet du mont Gosford. Lors d’une réunion tenue au sous-sol de la Caisse populaire Ste-Agnès, une quinzaine d’administrateurs de l’ALG accorde leur appui à la majorité.

Début des années 1990 – La voie s’ouvre pour concrétiser le rêve

Fort de l’appui de l’ALG et de certains groupes environnementaux, le projet prend forme. En octobre 1990, la chronique L’autre versant de la montagne parait pour la première fois dans l’Écho de Frontenac, témoignant d’un engagement croissant pour la préservation et la mise en valeur du territoire public.

1995 – Les premiers pas sur la montagne de Marbre

À la suite de l’abandon du projet Malamut, l’organisme évolue pour devenir officiellement Sentiers frontaliers, incorporé en juillet 1995.

C’est sur la montagne de Marbre que sont tracés les tout premiers kilomètres, dès 1995. Malgré son nom, on n’y trouve plus de marbre : le toponyme rappelle qu’une carrière aurait autrefois été exploitée sur son versant sud. À première vue, ses escarpements laissent croire à la présence de grottes, mais contrairement aux formations karstiques autour du mont Katahdin — où les Abénaquis croyaient que Pamola, dieu du tonnerre, y avait son repaire —, la montagne de Marbre en est dépourvue.

Un sentier menant au sommet du mont Gosford est également aménagé dès l’été 1995.

2009 – Le sentier franchit les frontières

Un moment phare de l’histoire de SF survient en août 2009 avec la connexion à la Cohos Trail (au New Hampshire) et, par elle, à l’Appalachian Trail, consacrant SF comme corridor international de randonnée.

2024 – Des circuits en boucle à Brise-Culotte

Le 8 septembre 2024 marque un autre jalon important avec l’inauguration du secteur Brise-Culotte, dans le secteur de Chartierville. Ce nouveau tronçon comprend le sentier des 40 Colons (SF13) et le sentier du mont Trumbell (SF14). Un stationnement aménagé près du km 6 facilite l’accès à ces circuits en boucle, qui rendent également les monts Salmon et Trumbell plus accessibles. Une invitation à découvrir de nouvelles vues spectaculaires et à élargir vos horizons, un pas à la fois.

Le rêve se poursuit

Depuis sa création, Sentiers frontaliers ne cesse de se développer, offrant un accès privilégié aux plus hauts sommets des Cantons-de-l’Est, notamment le mont Gosford et la montagne de Marbre, qui demeurent des incontournables pour les randonneurs. Le projet de connexion avec le Maine reste toujours envisagé, avec en perspective la création de la première boucle internationale de longue randonnée pédestre en Amérique du Nord.

Randonner sur les montagnes frontalières

Nombreux sont ceux qui préfèrent marcher en bonne compagnie, heureux de suivre un sentier qui a une histoire à raconter. D’autres, plus solitaires, aiment aller et venir tout autour et parfois même s’aventurer au-delà du connu. Certains iront jusqu’à escalader de hautes montagnes pour mieux descendre en eux, fouiller leur âme.

Peu importe le choix, la randonnée en sera une où la nature vous amènera ailleurs, dans l’enchantement de la découverte et du ressourcement. Dans votre souffle retrouvé, la vie dedans.

Le club de randonnée Sentiers frontaliers vous invite donc à un périple original, à marcher la frontière canado-américaine, cette mince ligne entre eux et nous, un lieu où la nature s’offre sans frontières, ce nulle-part ailleurs. Une aventure en soi.

Non seulement la randonnée vous permettra-t-elle de délier muscles et articulations, elle vous oxygénera corps et âme. Elle éveillera aussi vos sens parce qu’il y a là matière à voir, à entendre, des odeurs capiteuses et le goût certain du bonheur.

Même si vous décidez de marcher sans destination précise, vous pourrez profiter de la sécurité de sentiers balisés et qui sait, d’expériences ou de rencontres qui pourraient changer votre vie. Joignez-vous aux Sentiers frontaliers pour vous offrir l’aventure, les montagnes et leur poésie.